Vers un citoyen acteur de sa santé grâce aux objets connectés

Être acteur de sa santé ne devrait plus être envisagé comme une option. D’ailleurs, l’émergence des objets connectés et des solutions numériques dans le secteur de la santé offre un nouveau champ d’action aux citoyens, qui ont désormais la possibilité de prendre en charge leur santé, voire d’agir en prévention.

Que ce soit pour des personnes souffrantes de maladies chroniques, d’affection de longue durée ou de problématiques de santé plus simples, les objets connectés et solutions numériques en santé ont pour point commun de leur donner la possibilité de prendre en main leur santé. Le bénéfice de tels outils ? Offrir des solutions de suivi des traitements, de prévention, d’analyse des risques de rechute notamment. La

récupération des données connectées permet aussi de faciliter le diagnostic en téléconsultation ou d’assurer un meilleur suivi du patient à distance avec la télésurveillance.

Ces nombreuses innovations en santé et en e-santé sont destinées à la prise en charge des patients à domicile ou lors de leurs parcours de soins. C’est une médecine qui devient plus personnalisée, participative, préventive et prédictive.

Les avancées de la santé connectée offrent au citoyen des possibilités dans l’accompagnement d’une meilleure qualité de vie. Au cœur du système de soins, il est averti et au fait des progrès les plus innovants. Cette accélération de déploiement de ces outils de santé incarne une véritable révolution des usages. La démocratisation et l’accès à la santé ont fait émerger le citoyen en tant qu’acteur. Grâce à ces nouveaux usages, le patient se trouve déjà au cœur du sujet, mais il ne le sait pas suffisamment.

L’enjeu est majeur car adopter ces nouveaux usages permet de vivre plus longtemps. De manière proactive et précoce, ces créations technologiques proposent notamment d’identifier ce qui pourrait être un souci de santé. Par exemple, l’application mobile JABI est une application stimulante pour les seniors afin d’assurer la prévention des troubles neurocognitifs liés à l’âge. De même, l’application mobile Malo, permet, entre autres, de détecter les troubles du développement, y compris l’autisme, chez l’enfant. Récemment, elle a lancé une fonctionnalité afin de détecter, 6 mois après l’accouchement, le risque de dépression post-partum.

L’apport du numérique dans la sphère médicale a bouleversé les rôles, avant le médecin était au centre, c’était l’expert du diagnostic. Aujourd’hui, ce modèle se transforme avec une approche centrée sur le patient : « patient centrivity ». Le patient peut exprimer ses préférences et ses besoins non couverts. Conjointement, certains dispositifs numériques de santé contribuent également à impliquer les patients dans le processus de soins.

Les objets connectés à usage médical ne remplacent pas un médecin, mais apportent un plus dans la gestion d’un dossier médical. Car le patient dispose d’un suivi en temps réel : « rappel d’une prise de traitement, contrôle du glucose, de la tension… ». Averti, le patient se sent plus responsable et devient acteur de sa propre santé. Les patients ne sont pas experts d’une maladie, mais de l’expérience qu’ils vivent d’une maladie, et deviennent partenaires de soin.

47 % des patients favorables aux objets connectés

D’ailleurs, 47 % des patients voient « l’intelligence artificielle et les objets connectés comme une grande opportunité de progrès pour leur santé ». Ils perçoivent ces technologies « comme des moyens d’améliorer leur suivi et la réactivité des soins apportés, et des moyens de réduire le fardeau de leur traitement tout en facilitant le travail des soignants ». Ce chiffre provient d’une étude scientifique réalisée dans le cadre de la

Communauté de Patients pour la Recherche (ComPaRe), qui a évalué la perception des patients de l’usage d’interventions médicales basées sur les objets connectés et l’intelligence artificielle. Près de 1 200 patients suivis en France pour des maladies chroniques ont répondu en ligne aux questions des chercheurs de l’Assistance publique- hôpitaux de Paris (AP-HP). Cependant, il reste encore des sceptiques. Les résultats de

l’étude, publiés dans la revue Nature Digital Medicine en juin 2019, révèlent que 3 patients sur 4 refusent d’adopter des outils basés sur l’intelligence artificielle et complètement automatisés. Il faut bien comprendre là qu’ils ne sont pas réfractaires à l’usage des objets connectés, mais qu’ils souhaitent le maintien d’un contrôle par un être humain. Un point de vue qui se conçoit. D’ailleurs, c’est dans le cadre du colloque

singulier que de nombreuses personnes, renseignées et acculturées aux enjeux de ces outils, deviennent elles-mêmes prescriptrices de solutions, exigeant de leur médecin d’être suivies par de nouvelles technologies. Les citoyens sont de plus en plus avertis, mais en ont-ils vraiment le choix en ces temps de pénurie médicale ?

L’investissement des industriels

Et les industriels l’ont bien compris ! Comme l’a mentionné (*), Vincent Vercamer, responsable des Affaires publiques et de l'accès au marché de Withings, créateur de balances et de tensiomètres connectés : « Nous voulons permettre à nos utilisateurs de prendre le contrôle de leur santé ». Les start-up françaises de la e-santé ont levé 929,4 millions d’euros en 2021 (*), des sommes en partie investies dans la recherche afin de dégainer tensiomètres, balances, oxymètres, glucomètres ou encore piluliers connectés, dont certains sont pris en charge par l’Assurance maladie. La reconnaissance de l’utilité de tels outils atteint ainsi son apogée, non sans suivre les incontournables recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS). Et c’est sans parler des applications mobiles telles que Diabeloop, qui propose un pancréas artificiel permettant, chez les patients atteints d'un diabète de type l'automatiser la délivrance de l'insuline à partir des données d'un capteur de glucose, fonctionnant en continu, ou encore OdySight, un jeu mobile doté de modules médicaux recommandé dans la surveillance rapprochée de patients atteints de maladies chroniques ophtalmiques. Ces solutions sont, elles aussi – parfois dans le cadre d’expérimentations – prises en charge par la Sécurité sociale. Si l’intérêt de tels outils n’est plus à démontrer, l’heure est maintenant à convaincre tout un chacun de s’en saisir. L’éducation au numérique à tous les âges, pour favoriser les usages, devient, au-delà de la simple lutte contre la fracture numérique (ou illectronisme), un enjeu de santé publique.

Le futur de la santé, c’est le citoyen lui-même à travers des outils numériques qu’il doit pouvoir récupérer et demeurer ainsi maître de ses données de santé. Le numérique en santé va devenir un outil d’émancipation citoyenne. MedInTechs s’est donné pour ambition de donner une visibilité essentielle à ces bouleversements profonds de la santé.


(*) Source : mind Health – février 2022

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