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Démocratie sanitaire : quand le trio citoyens, écosystème de santé et institutions travaillent main dans la main

Encouragée par les pouvoirs publics et favorisée par les technologies numériques, l’idée de démocratie sanitaire offre une approche où le citoyen joue un rôle actif dans l’évolution de notre système de santé. Mais le chemin vers une démocratie sanitaire pleinement réalisée implique de surmonter les défis persistants liés à l’accès équitable aux technologies, à la lutte contre la désinformation, et à l’intégration des retours et des contributions des citoyens dans la conception des politiques de santé.

Une contribution de Muriel Benitah, Présidente et cofondatrice de MedInTechs

 

Une ère de pré-pandémie aux signaux faibles

Si le XXème siècle a vu l’émergence de notions cruciales comme le consentement éclairé et l’autonomie du patient, c’est l’ère numérique qui a véritablement accéléré cette transformation, démocratisant l’accès à l’information médicale et favorisant une approche de soins plus transparente et personnalisée. Caractérisée par une innovation technologique rapide et une digitalisation croissante, la période pré-covid a posé les fondations d’un changement profond dans la relation entre les patients et les professionnels de santé. L’avènement d’internet et des réseaux sociaux a bouleversé le paysage de l’information médicale, mettant fin au monopole traditionnel des professionnels de santé sur le savoir médical. Les citoyens armés d’un accès sans précédent à une vaste quantité d’informations, ont commencé à occuper des rôles plus actifs dans la gestion de leur santé. Des forums en ligne aux blogs spécialisés, les espaces de discussions et d’échanges entre patients se sont multipliés, favorisant une communauté mondiale de partage des connaissances et des expériences.

 

La pandémie de covid-19 : un catalyseur de changement

La pandémie a servi de révélateur, accélérant la conscientisation des limites du système de santé actuel et plaçant les nouvelles technologies au premier plan de la transformation sanitaire. Confrontés à une maladie inconnue et à des systèmes de santé sous tension, les citoyens ont dû naviguer dans un paysage médical en constante évolution. La recherche d’informations fiables est devenue une priorité absolue, stimulant une demande sans précédent pour des ressources numériques accessibles et vérifiables. Les réseaux sociaux et les forums en ligne ont joué un rôle crucial en facilitant cet échange, bien qu’ouvrant involontairement la porte à la désinformation. Les autorités sanitaires, en collaboration avec les réseaux sociaux et les organisations de vérification des faits, ont intensifié leurs efforts pour identifier et rectifier des fausses informations. Des campagnes de communication basées sur des données scientifiques et une transparence accrue ont été mises en place pour renforcer la crédibilité des messages de santé publique. Les réseaux sociaux ont adopté des mesures telles que l’étiquetage des informations potentiellement fausses, le renforcement des politiques contre la désinformation liée à la santé, et la promotion de contenus vérifiés.

 

Lutter contre la désinformation

Les technologies numériques, en facilitant l’accès à des informations fiables, se révèlent des alliées précieuses dans la lutte contre la désinformation même si celle-ci reste un combat nécessitant une vigilance constante et une adaptation continue. Les débats autour des mesures sanitaires et des vaccins ont révélé une diversité d’opinions, mettant en évidence le besoin d’une plateforme de dialogue et de partage d’informations vérifiées, à l’image de l’initiative AllTrials*, qui milite pour une transparence totale dans la publication des résultats d’essais cliniques. Les initiatives telles que Voix des patients** ont joué un rôle crucial en offrant des plateformes pour que les expériences des patients soient entendues et intégrées dans les décisions de santé. Même si cette crise sanitaire a mis en lumière les vulnérabilités de nos systèmes de santé, elle a ouvert la voie à des adaptations rapides et à un empowerment massif des citoyens.

 

Les applications et la télémédecine au secours de la médecine débordée

La pression exercée sur les hôpitaux et les professionnels de santé pendant la pandémie a indubitablement révélé la nécessité de repenser les modes de prestation de soins, ouvrant la voie à une intégration plus large de la télémédecine dans les pratiques courantes. Celle-ci offre aujourd’hui une des solutions aux défis posés par les déserts médicaux et aux difficultés d’accès aux soins pour les populations vulnérables ou éloignées. La télémédecine contribue également à désengorger les structures de soins traditionnelles, offrant une alternative pratique et efficace pour les consultations de routine ou le suivi de maladies chroniques. Les applications mobiles de santé, quant à elles, ont révolutionné l’autogestion des maladies chroniques et le suivi quotidien du bien-être, notamment en matière de santé mentale. Des applications de suivi de l’activité physique aux gestionnaires de médicaments, cette évolution vers une santé connectée a non seulement amélioré l’autonomie des patients mais a également ouvert la voie à des soins plus personnalisés et précis. 

Le futur de notre système de santé repose sur une approche collaborative et participative, où les technologies de santé servent de pont entre les patients et tout l’écosystème de la santé, et où la démocratie sanitaire est renforcée par l’engagement actif et éclairé de chaque citoyen. Par l’adoption de cette nouvelle vision, nous pouvons non seulement répondre plus efficacement aux besoins de santé actuels mais aussi poser les bases d’un système de santé résilient, inclusif et adapté aux défis futurs.

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MedInTechs : deux jours pour conforter nos convictions pour l’innovation en santé

L’enthousiasme nous a porté durant toute l’année de préparation de cette deuxième édition de MedInTechs. Nous sommes sortis de ce salon galvanisés par l’énergie et la vitalité de cet écosystème que nous avons eu la joie de réunir les 13 et 14 mars dernier. Retour sur un évènement qui, nous l’espérons, fera date pour beaucoup d’acteurs du secteur. Et qui, en tout cas, a conforté nos convictions pour la santé de demain. 

Ce deuxième salon de l’Innovation médicale, nous l’avions pensé comme un écrin pour les joyaux de la Health Tech et pour tous les acteurs de cet écosystème fondamental de notre société. Deux journées conçues pour que se rencontrent toutes les compétences qui font avancer la médecine et contribuent à améliorer les soins. Un évènement également imaginé pour que le grand public découvre, s‘informe et apprivoise ces outils et ces usages qui dessinent l’avenir de sa santé. 

Plus de 10 000 personnes (dont 45% de visiteurs non professionnels) se sont pressées dans le formidable espace d’exposition du Parc Floral. 

Au programme : des conférences de très haut niveau, réunissant les plus grands acteurs du secteur médical et de l’innovation, et des ateliers permettant l’expérimentation de solutions, numériques ou non, pour préserver notre santé. Tout était conçu, sur ce terrain neutre, pour que chacun trouve sa place, pour que les échanges soient aisés et riches. 

Nous sommes fiers de savoir que des partenariats se sont esquissés ou noués. Que des centaines de candidats à un emploi ou à une formation dans le secteur de la santé aient pu développer leur réseau professionnel. 

Chaque participant, exposant, orateur, des six Villages autour desquels étaient construits l’évènement a porté un message positif avec ambition et humanité, face à un public avide de savoir et d’espoir. Ils ont chacun à leur manière incarné nos convictions. 

La sécurité est au cœur des enjeux 

À l’heure où les établissements de santé subissent les assauts quotidiens des pirates informatiques, le Village Cybersécurité de MedInTechs a montré que des solutions existent et fonctionnent pour sécuriser les systèmes d’information du secteur. La collaboration entre les acteurs de tous territoires et la coordination des efforts est incontournable pour garantir la confidentialité des données. Elle est à portée de main.  

Les innovations modèlent déjà la médecine d’aujourd’hui 

Construit avec le soutien du pôle de compétitivité Medicen et de sociétés savantes, le Village Innovation chirurgicale et interventionnelle a mis en lumière ces innovations qui révolutionnent déjà la pratique au bloc opératoire et le travail des soignants : de la robotique chirurgicale mini-invasive aux solutions numériques qui allègent les tâches administratives des soignants, c’est par l’expérimentation dans un espace ludique et participatif unique en Europe que les visiteurs et professionnels de santé ont pu appréhender, pour bientôt apprivoiser, ces innovations qui boostent les performances des soignants et optimisent le confort des patients. 

La prévention est le cœur de la solution 

Nous étions particulièrement attachés à la création d’un Village consacré à la prévention, que nous savons si fondamentale dans la préservation de la santé à long terme. Ce champ d’expérimentations autour d’ateliers, d’animations ludiques et de conférences a été pour les visiteurs une occasion unique de découvrir ces techniques et outils de prévention qui fonctionnent aujourd’hui. Et contribuent, progressivement, à limiter un nombre important de pathologies, notamment chroniques. 

Cela ne se fera pas tout seul ! 

C’est une conviction forte de chacun des organisateurs de ce salon : puisque la prévention est la base de la préservation de la santé, chaque citoyen doit devenir acteur du système de soin. 20 000 vies pourraient être sauvées chaque année si davantage de Français étaient formés aux premiers secours. Nous sommes heureux d’avoir humblement apporté notre pierre à l’édifice en proposant à des centaines de visiteurs de se former aux gestes qui sauvent. Et fiers d’avoir mis en lumière le formidable travail des urgentistes en invitant à une immersion dans leur quotidien par la réalité virtuelle. 

La santé a besoin de talents de tous horizons 

L’hybridation des compétences et la mutualisation des connaissances sont indispensables pour le développement et la mise en œuvre des solutions, mais également pour permettre à tous de s’impliquer dans la santé de demain. Les besoins en recrutement sont nombreux dans les organisations de santé.

Le succès de notre Village Emploi, pensé pour favoriser des rencontres naturelles et productives, est la parfaite illustration du dynamisme du secteur. Et de son attractivité pour des centaines de candidats à une formation ou à un emploi, venus rencontrer les entreprises en quête de talents à l’occasion de 3 Job Datings. 

La rencontre des projets et des moyens doit être facilitée 

C’était l’objectif premier de cet évènement que nous désirions plus que tout comme un terrain d’échange et de mise en relation de tous les acteurs. Le Village Tiers-Lieux a mis en lumière l’émergence de ces espaces d’expérimentation où se fabriquent aussi l’avenir de la santé. Ces accélérateurs, tels que ceux valorisés par Stane et le Digital Medical Hub, favorisent l’éclosion de projets sur tout le territoire. Nous sommes heureux de soutenir ce moyen nouveau et prometteur de développement des projets en santé numérique. 

Un travail résolument d’utilité publique 

Placé sous le haut patronage du président de la République, le salon a été honoré, pour son inauguration, de la visite sous forme d’un parcours riche en échanges du ministre de la Santé et de la Prévention François Braun. Nous, organisateurs, avons été honorés de l’entendre confirmer une autre de nos convictions : notre travail est résolument « d’utilité publique ». 

Son discours, qui a une nouvelle fois souligné la politique volontariste du gouvernement en matière d’innovation en santé, a été ponctué par une annonce aussi importante qu’attendue : la prise en charge de la télésurveillance médicale entrera dans le droit commun dès le 1er juillet 2023. Jusqu’à lors réservé à 5 pathologies, le remboursement des dispositifs de télésuivi sera généralisé à tous les patients dès que cela peut apporter un bénéfice clinique ou améliorer l’organisation des soins. 

Ce salon a aussi été l’occasion de distinguer des initiatives fortes à travers la remise de 10 Trophées. Un palmarès éclectique représentatif de la variété des problématiques, des enjeux et des espoirs aussi. Au-delà des prouesses technologiques, nous avons eu à cœur de valoriser ceux qui innovent dans tous les domaines, quel que soit le support, pour dessiner la santé de demain. 

Nous sommes infiniment reconnaissants envers tous les participants et visiteurs d’avoir contribué à cet évènement qui, nous l’espérons, aura fait naître des vocations, vu éclore des idées et se concrétiser des projets. 

Nous sommes fiers aussi de pouvoir d’ores et déjà vous donner rendez-vous les 11 et 12 mars 2024 pour la troisième édition de MedInTechs. Nous continuerons d’ici là à promouvoir positivement la santé et son avenir. Replays de conférences ou d’ateliers, interviews de grands experts, tribunes : en attendant de vous retrouver physiquement l’année prochaine, nous restons porte-voix des acteurs de la santé d’aujourd’hui et de demain, ici et sur le terrain. 

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Innovations numériques : former au plus vite tous les médecins

Rhumatologue, Julien Schemoul exerce comme Praticien Hospitalier et en libéral. Convaincu que l'évolution du monde de la santé est l'occasion idéale de remettre le patient au centre des décisions qui le concernent, il a co-fondé le salon de l’innovation médicale MedInTechs.

Le Dr Schemoul a en outre participé à plusieurs missions d’expertise en e-santé. Il co-dirige également le centre de compétence des maladies vectorielles à tiques d'Ile-de-France et des Hauts-de-France.

De la télémédecine à la collecte et l’usage des données de santé, de l’IA aux objets connectés… Les technologies numériques transforment la pratique médicale. Ce n’est qu’un début : la e-santé et le métaverse progressent à une vitesse fulgurante. Or, il est impossible d’avoir recours à ces technologies sans y être formé.

De la télémédecine à la collecte et l’usage des données de santé, de l’IA aux objets connectés… Les technologies numériques transforment la pratique médicale. Ce n’est qu’un début : la e-santé et le métaverse progressent à une vitesse fulgurante. Or, il est impossible d’avoir recours à ces technologies sans y être formé.

Confrontés à un manque criant de formation initiale et continue, les professionnels de santé redoutent de perdre pied. Le besoin est gigantesque. Si les jeunes générations sont nées avec le numérique, sont-elles pour autant formées à son bon usage ? Sont-elles capables de faire face aux enjeux majeurs liés à la cybersécurité, nouveau talon d’Achille de notre système de santé ? Pour mémoire, le nombre de cyberattaques contre des hôpitaux a augmenté de 70% entre 2020 et 2021.

Quant aux professionnels de santé en exercice, ceux qui détiennent l’expérience, ils ont souvent – et urgemment – besoin d’une acculturation aux technologies numériques. Sans quoi, nous ne pourrons que contempler l’aggravation d’une fracture générationnelle.

Combler le retard

À défaut d’être très en avance sur ces sujets, la France espère au moins contenir, voire rattraper, son retard. Sur les 650M€ alloués pour cinq ans à la Stratégie d’accélération santé numérique (SASN)¹ lancée à l’automne 2021, 73M€ étaient dévolus à la formation. Le sujet semble prioritaire : en novembre 2022, le coordinateur de la SASN a annoncé la mise à disposition d’une enveloppe supplémentaire de 48,4M€.

D’autres annonces récentes illustrent cette volonté de répondre à l’impérieux besoin de formation. Un décret² paru le 10 novembre 2022 dispose qu’une formation obligatoire de 28 heures sera dispensée, au cours de leurs trois premières années de formation, à tous les futurs professionnels de santé. Prévue pour la rentrée 2024, la mise en place de cette formation pourrait dans certaines facultés débuter dès l’année universitaire en cours. Chaque année, cet enseignement concernera entre 70.000 et 90.000 étudiants.

Le référentiel commun s'articule autour de cinq domaines de compétences : la donnée de santé (caractéristiques, réglementation, usage, accès, exploitation), la cybersécurité, la communication en santé (outils pour communiquer de manière sécurisée entre professionnels et avec les patients), les outils numériques en santé et la télésanté (approche réglementaire et usages).

Ces DU qui favorisent la transdisciplinarité

Former les professionnels en exercice peut sembler plus complexe. Et pour cause : 65% des médecins³ estiment manquer de temps pour suivre des actions de formation continue. Pour autant, celles-ci se développent.

Les Diplômes Universitaires dédiés au numérique se multiplient : DU «Éthique du numérique en santé» (Paris-Saclay, depuis 2020), DU «e-santé et médecine connectée» (créé en 2017 par l’Université Paris-Diderot – devenue Paris-Cité), DU «Santé numérique : éthique, droit et gouvernance» (Université catholique de Lille, depuis 2019) ou encore le DU «Intelligence artificielle et santé» (lancé en novembre 2021 par l’Institut 3IA Côte d’Azur).

Ces formations s’adressent aux professionnels de santé mais aussi aux ingénieurs biomédicaux ou encore aux étudiants et chercheurs en biologie-santé. Certains DU sont également ouverts aux infirmier.e.s, aux responsables juridiques des établissements de santé et de manière plus globale à toute personne qui souhaite développer des projets d’Intelligence artificielle nécessitant le recours aux big data médicales.

Le public est donc large, favorisant la transdisciplinarité et l’interprofessionnalité qu’exigent les approches numériques... et que réclament les professionnels de santé eux-mêmes ainsi que les patients.

Une formation plus accessible grâce à la réalité virtuelle

Dans ce domaine de la formation médicale, l’avènement de la réalité virtuelle est – et restera probablement dans un futur proche – l’innovation la plus impactante. Elle rend possible l'entraînement des praticiens à des techniques complexes et permet par ailleurs à quantité de formations d’être bien plus accessibles et immersives.

Il y a quelques années, nous, rhumatologues, étions formés en nous entraînant sur des cadavres ou des mannequins avant de réaliser nos premières infiltrations sous échographies sur les patients. Ces formations n’étaient possibles qu’en présentiel.

Aujourd’hui, le congrès annuel de rhumatologie s’est parfaitement digitalisé, jusqu’à retransmettre en direct, pour tous les rhumatologues francophones dans le monde, des images d’échographies articulaires réalisées lors d’un atelier.

On peut imaginer que la réalité virtuelle et le métaverse permettront très bientôt d’aller plus loin : par exemple, en permettant aux praticiens de prendre ensemble, dans un même espace virtuel, les commandes d’une sonde d’échographie virtuelle sur des patients virtuels. L’intérêt ? Partager leurs expériences à distance et dans le monde, amplifiant ainsi leurs connaissances et la connaissance médicale globale.

Dans d’autres spécialités, l’utilisation poussée d’innovations pour la formation et la recherche est déjà une réalité bien ancrée. Grâce au «Bloc OPératoire Augmenté » (BOpa) de l’AP-HP⁴ , le chirurgien peut d’ores et déjà opérer en ayant tous ses sens augmentés par les technologies numériques. Ces avancées majeures, le grand public pourra les découvrir lors du salon MedInTechs, au sein du Village Innovation Chirurgicale et Interventionnelle⁵. Invités à se mettre «dans la peau» d’un chirurgien augmenté, les visiteurs pourront évoluer dans un bloc opératoire 2.0.

J’ai pris beaucoup de plaisir à co-concevoir MedInTechs. Ce salon de l’innovation médicale, ouvert à toutes et tous, s’est tenu en 2022 pour la première fois. Notre but était de montrer à quel point les technologies numériques transforment nos usages, nos espoirs et nos pratiques. Et à quel point elles sont déjà là, à portée de main.

Pour l’édition 2023 de MedInTechs, nous mettons la barre plus haut. Il ne s’agira pas seulement de présenter des innovations en santé. Nous inviterons les visiteurs, dont les professionnels de santé, à contribuer à la création des innovations médicales futures !

Rendez-vous à Paris les 13 et 14 mars !

Article publié sur Esanum.fr et MedInTechs.com

1- Stratégie d’accélération en santé numérique (dossier de presse)
2-
Arrêté du 10 novembre 2022 relatif à la formation socle au numérique en santé des étudiants en santé
3- CNOM :
Soigner Demain – «La parole aux médecins»
(note de synthèse - Février 2022)
4- En partenariat avec l’Institut Mines-Telecom et l'Université Paris-Saclay. 
5- En partenariat avec Medicen Paris Région.

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Medintechs fait de la prévention un véritable levier de santé en créant un village intégralement dédié à la prévention !

Medintechs fait de la prévention un véritable levier de santé ! 

La santé de tous passera, demain, par une médecine prédictive et préventive. Nous en avons les preuves, les outils existent déjà, et ils sont plein de promesses. MedInTechs souhaite contribuer à leur diffusion et profite de l’occasion pour s’interroger : comment donner à chacun l’opportunité de se saisir de sa santé, tout en respectant son libre arbitre individuel ?

Medintechs fait de la prévention un véritable levier de santé ! 

La santé de tous passera, demain, par une médecine prédictive et préventive. Nous en avons les preuves, les outils existent déjà, et ils sont plein de promesses. MedInTechs souhaite contribuer à leur diffusion et profite de loccasion pour sinterroger : comment donner à chacun lopportunité de se saisir de sa santé, tout en respectant son libre arbitre individuel ? 

Si nous ne lui allouons aujourd’hui que 3% de nos budgets, la prévention est clairement identifiée comme l’un des enjeux de la transformation de notre système de santé. 

La preuve par les chiffres connus depuis plusieurs années déjà : 40% des cancers (80% des cancers de la peau et 90% des cancers du poumon) résultent de l’exposition à des facteurs de risques liés à nos modes de vie et à nos comportements. Ils pourraient donc être évités. Tout comme 80% des décès prématurés (qui surviennent entre 30 et 70 ans) liés à des maladies cardiovasculaires. 

Ces chiffres sont édifiants mais aussi, d’une certaine manière, rassurants : les citoyens disposent d’une marge de manœuvre certaine pour préserver leur santé.

Accompagner les générations actuelles pour modifier les habitudes des générations futures 

Les habitudes des générations futures peuvent évoluer rapidement en étant plus informées et épaulées. 

Alimentation, activité physique, tabagisme, alcool, exposition solaire sont quelques-unes des priorités. Au même titre que l’attention qui doit être portée à notre santé mentale, dans toutes les sphères de notre existence, sur laquelle la prévention progresse à grands pas. 

Innovations et investissements : la France se veut leader de la prévention en santé 

La prévention est déjà au cœur des préoccupations des professionnels de santé. Les innovations en la matière sont nombreuses et leur développement doit être soutenu par des initiatives publiques et privées. 

A l’image du nouveau ministère de la Santé et de la Prévention, les efforts se concentrent autour de l’idée qu’une prévention va nous permettre d’aller vers plus de préventif et moins de curatif.

L’objectif, notamment, du dispositif annoncé en décembre 2022 par PariSanté Campus et Bpifrance, est d’accélérer l’adoption de solutions en prévention. Un programme qui associe l’écosystème des startups de la santé autour d’un fonds d’investissement d’une taille cible de 100 millions d’euros. Une brique supplémentaire pour faire de la France, demain, lun des leaders de cette médecine préventive.

C’est l’un des axes forts de la deuxième édition de notre salon de l’innovation médicale MedInTechs avec l’installation, les 13 et 14 mars 2023 au Parc Floral de Paris, d’un Village Prévention.


Alimentation, sport, travail, santé mentale, habitat, numérique, soutien et accompagnement des fragilités… Ces solutions, demain au cœur de la santé des 4P (personnalisée, préventive, prédictive et personnalisée), commencent à transformer notre manière d’envisager notre santé et sont déployées pour l'ensemble des publics (grand public, patients, aidants, salariés, jeunes, seniors...). Elles méritent d’être plus largement connues, leur potentiel d’être pleinement exploité. C'est la raison pour laquelle ce salon s'attachera à apporter une vision 360 et dynamique de la prévention : speeds interventions, ateliers pratiques, moments d'interactions avec le public, stands ou encore librairie prévention sont autant d'activités à découvrir au cœur de ce village d’envergure !

La prévention accessible à tous les citoyens

Parmi les temps forts de ces 48 heures dédiées à l’innovation médicale, un hackathon dédié lui aussi à la prévention. Et une conférence intitulée « Vers une prévention efficace et peu contraignante : est-ce possible ? », au cours de laquelle interviendront le Dr Alain Toledano (Président du comité scientifique de MedInTechs, et notamment cancérologue, Président de l’Institut Rafaël et directeur de la chaire Santé intégrative), Marguerite Cazeneuve (directrice déléguée de l’Assurance Maladie), Chahra Louafi (Directrice du Fonds Patient autonome de BPI), Agnès Bazin (Directrice du Développement de Doctolib) et Laurent Borella (Directeur Santé de Malakoff Humanis). 

Devant les professionnels de santé, les acteurs du monde médical, les entrepreneurs de la HealthTech et les citoyens, ils apporteront des pistes de solution à deux questions cruciales pour favoriser la prévention de demain : comment engager nos collectifs vers une meilleure santé globale et durable, tout en préservant le libre arbitre individuel ? De quelle manière communiquer et organiser cette culture de de la prévention dont nous souhaitons la renaissance ?  

Avec cette certitude : ladoption dun mode de vie sain optimal, loué par Hippocrate il y a 2500 ans, ne doit plus être aujourdhui réservé à une élite.

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Santé : Et si les citoyens s’emparaient de leur capital santé ?

Santé : Et si les citoyens s’emparaient de leur capital santé ?

Face à l’indispensable transformation de notre système de santé, les nouvelles technologies apparaissent comme une clé pour permettre au citoyen de devenir pleinement acteur de sa santé et d’être mieux soigné, sans toujours dépendre de l’État.

Face à l’indispensable transformation de notre système de santé, les nouvelles technologies apparaissent comme une clé pour permettre au citoyen de devenir pleinement acteur de sa santé et d’être mieux soigné, sans toujours dépendre de l’État.

En matière de santé, doit-on tout attendre de l’État-providence, notamment la branche de l’Assurance maladie qui a tant souffert de la pandémie de Covid-19 ? Notre système de santé, hospitalier ou de ville, est l’objet de toutes nos attentions. Le déficit de la Sécurité sociale (qui a grimpé jusqu’à 39 milliards d’€ en 2020, plombé par la crise sanitaire, et s’établissait à 19 milliards en 2022) et les perspectives d’augmentation continue des dépenses dans les années à venir, n’augurent pas d’une amélioration de l’équilibre des comptes ou de l’égalité à l’accès aux soins de qualité. Plus de huit Français sur dix estiment que notre système de santé est en danger, selon un récent sondage*…

Autant d’états de fait qui doivent nous pousser à nous interroger : l’État a-t-il encore les moyens de subventionner la santé des Français ? Et si le citoyen pouvait se saisir de cette crise et prendre sa santé en main ? Et si l’émancipation du citoyen par rapport à l’État pouvait être considérée comme une libération, être finalement salvatrice ?

Cela n’est en rien synonyme d’une démission de l’État dans sa mission de protection de ses citoyens. Le risque serait trop grand de voir se créer une fracture - inconcevable dans notre République - entre une médecine pour les plus aisés et un système de santé au rabais pour les plus modestes. Le danger serait également trop important également de livrer le citoyen à l’influence d’entreprises à but lucratif ou aux dérives sectaires de certains praticiens de médecines alternatives.

Il ne s’agit donc pas de le laisser naviguer seul mais bien, pour l’État et tous les acteurs de la santé, d’offrir les conditions de sécurité et d’organiser l’épanouissement de la médecine de demain, la tant espérée médecine des 4P : préventive, prédictive, participative et personnalisée.

Le numérique, puissant levier de la transformation de notre santé

Quoi qu’il en soit, une transformation profonde de notre système de santé semble inéluctable. Et la révolution est déjà en marche : en accélérant, à marche forcée, la digitalisation des usages de la santé, la pandémie de Covid-19 a modifié en profondeur nos habitudes. La création de « Mon espace santé » poursuit ce dessein : permettre au citoyen de reprendre la main sur sa santé, d’en devenir acteur. Le numérique est d’une incomparable efficacité pour permettre à chacun de miser sur la prévention, d’accéder plus facilement à un système de soin plus bienveillant et plus égalitaire.

De la formation initiale, obligatoire pour 12 professions médicales dès la rentrée universitaire 2024, au financement d’innovations numériques fiables et à la facilitation de leur mise sur le marché, pour favoriser un système de santé plus préventif, prédictif et personnalisé : le volet santé de France 2030 est en phase avec les enjeux. La mesure de la transformation nécessaire et l’engagement financier sont pris pour faire de la France la première nation européenne innovante et souveraine en santé.

Mettre en valeur les innovations qui révolutionneront notre santé

Cette nouvelle place du citoyen acteur, accompagnée par les innovations et par l’État, promet de lui donner davantage de liberté, de choix. Mais elle exige bien sûr que le grand public soit mieux informé et se sente en mesure de prendre les décisions éclairées pour sa santé.

Le salon de l’innovation médicale MedInTechs veut contribuer à cette diffusion de l’information et à la compréhension de la médecine d’aujourd’hui et celle qui se dessine pour les années et les décennies à venir.

Pour sa deuxième édition, l’événement a été pensé comme un écrin, comme un lieu neutre d’incubation et récipiendaire de l’énergie de tous les acteurs attachés à contribuer et à accélérer la révolution de la santé. En polissant ces diamants bruts, en les montrant aux yeux de tous, MedInTechs veut parler et faire parler positivement de notre santé. Pour porter un nouveau regard sur celle-ci… et, à la clé finalement, déjà commencer à aller mieux ?

*sondage de l’institut CSA réalisé pour CNEWS, publié le 5 janvier 2023

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Santé digitale : soigner plus pour polluer moins ?

Soigner aujourd’hui implique-t-il une pollution environnementale systématique dont il faudra soigner les conséquences demain ? Bien que provocante, cette question est légitime et urgente à traiter. En effet, le secteur de la santé tel qu’il est actuellement structuré participe significativement au dérèglement climatique, au travers de la pollution atmosphérique qu’il génère. Ce système tend donc à devenir lui-même un enjeu de santé publique incontournable. S’il existe des solutions pour limiter cet impact environnemental spécifique, l’évaluation réaliste de leurs coûts et de leurs bénéfices se révèle complexe.

L’empreinte environnementale globale du secteur de la santé peut aujourd’hui être évaluée : à l’échelle planétaire, 5% des émissions humaines de Gaz à Effet de Serre (GES : CO2, méthane, ozone, protoxyde d'azote, halocarbures, etc.) sont imputables aux systèmes nationaux de santé.1 Dans notre pays, le secteur sanitaire émet 46 millions de tonnes de CO2 par an, ce qui correspond à 8% des émissions annuelles de GES.2 La répartition des postes d’émission de GES en France est similaire à celle des autres pays occidentaux.3,4

Les achats de médicaments et de dispositifs médicaux pèsent respectivement 33% et 21% des émissions de GES. Les déplacements des personnels de santé et des usagers comptent pour environ 15%, alors que le fonctionnement des structures de soins (eau chaude, chauffage, etc.) est responsable de 10% de ces émissions. 

Autre impact de l’activité de soin, le rejet de polluants atmosphériques (dioxyde d’azote, ozone, monoxyde de carbone, dioxyde de soufre et particules fines). Parmi les processus qui émettent ces gaz et particules, citons la fabrication puis la destruction de consommables – médicaments, masques, matériel de laboratoire, etc. –, les transports associés aux soins et le chauffage des bâtiments. Toutes ces activités impliquent la consommation d’énergie fossile, le recours à des produits chimiques ou encore l’incinération de déchets, et rejettent dans l’atmosphère des particules polluantes. 


Un enjeu immédiat et mondial  

La quasi-totalité de la population mondiale (99%) respire au quotidien un air dont le niveau de pollution dépasse les limites considérées comme acceptables par l’OMS.5 La pollution atmosphérique constitue à elle seule, à l’échelle de la planète, le 4e facteur de risque de mortalité.6,7 En Europe, elle cause chaque année 350.000 décès en moyenne.  

Concernant la France métropolitaine, l’impact de la présence de polluants atmosphériques sur le nombre d’admissions aux urgences d’une part et sur l’augmentation de la mortalité liée à des pathologies respiratoires ou cardiovasculaires d’autre part a été documenté par plusieurs études.8, 9, 10

S’ils veulent se conformer au principe du primum non nocere, les acteurs du secteur de la santé doivent à l’évidence prendre des mesures afin de limiter la pollution directement impliquée par leurs pratiques. Assurer la prise en charge d’une population vieillissante et vulnérable aux effets du changement climatique et de la pollution atmosphérique, améliorer la qualité des soins et contenir l’augmentation des dépenses sanitaires sont trois enjeux capitaux de pérennité de notre système de santé.

En parallèle, ces contraintes ne doivent pas provoquer des renoncements à certains soins en raison de la pollution qu’ils entraînent. La problématique est d’autant plus difficile à intégrer que ces mesures devront être compatibles avec les réformes déjà engagées, en particulier celles de la Stratégie de transformation du système de santé du ministère des Solidarités et de la santé lancée en 2018.11

Repenser le système de santé implique donc de redéfinir urgemment l’évaluation globale des soins en termes de « co-bénéfices ».12 Il est nécessaire d’examiner les façons de mettre en œuvre des soins plus soucieux de l’environnement qui continuent de répondre aux défis sanitaires, socio-économiques et financiers auxquels le secteur doit faire face. Pour concilier ces différentes approches dans un temps fondamentalement contraint, il s'agit de créer un consensus partagé avec le plus grand nombre d’acteurs, en incluant ceux issus de la société civile.


Télémédecine et thérapies numériques 

L’augmentation exponentielle du nombre de téléconsultations et l’émergence globale de la télémédecine – au travers des thérapies numériques ou des solutions destinées aux professionnels – fournissent les premières preuves d’efficience de ces nouvelles modalités de soins. 

Au-delà de leur impact sur le nombre de transports évités, il est nécessaire d'inscrire ces modalités dans un cadre d’évaluation plus large, afin que toutes leurs «externalités positives» puissent être prises en compte, discutées, validées, valorisées. Par exemple, les téléconsultations facilitent le suivi régulier des patients à risque, tout en les autorisant à rester chez eux et à conserver plus d’autonomie.13,14

La télémédecine a connu un essor très important dans le monde depuis la pandémie de Covid-19. En France, 19 millions de téléconsultations ont été remboursées en 2020 par l’assurance maladie.15 L’enracinement rapide de la communication digitale dans les pratiques de santé courantes prouve que l’adoption de solutions numériques peut changer les usages sanitaires dans un très court laps de temps.

S’appuyant sur le même support digital, les thérapies numériques pourraient connaître une trajectoire analogue à la télémédecine, à mesure que les bénéfices thérapeutiques de ces dernières seront prouvés.

Citons les algorithmes d’analyse des symptômes et d’identification des risques de rechute, les programmes de thérapies cognitivo-comportementales, certains dispositifs de télésurveillance des patients traités pour des maladies chroniques, les systèmes d’ajustement de la prise en charge comme par exemple les pompes à insuline connectées, ou encore les programmes d’accompagnement personnalisé voués à favoriser les changements de comportement (activité physique, nutrition, sommeil, etc. ). 

Parce que ces thérapies rendent les patients proactifs, elles sont au service de leur ré-autonomisation. Elles intègrent aussi une dimension préventive visant la réduction du nombre d’actes curatifs. Enfin, les solutions numériques peuvent éviter des actes de soins inutiles et/ou redondants (examens mal historisés par exemple) donc leur empreinte carbone.

En renouvelant l’expérience patient et de la capacité d’analyse des médecins, les outils digitaux permettent de refonder l’approche des soins. Ils optimisent la qualité des soins en améliorant la coordination des acteurs de la santé. Bien que ces pistes semblent prometteuses, il reste pourtant très difficile de quantifier la manière dont elles limiteront l’impact environnemental des activités sanitaires, et cela faute d’outils comptables adaptés.


Des modes d’évaluation des impacts environnementaux à trop courte vue

La combinaison d’un recours accru à la télémédecine et aux thérapies digitales permettrait a priori d’optimiser le parcours de soin, tout en supprimant simplement certains actes ou évènements qui entraînent une consommation de ressources émettrices de GES. Citons entre autres des actes de soins inutiles et/ou redondants par défaut de mémorisation ou d’historisation d'éléments déjà connus (examens de radiologie, de biologie médicale…).

Cela suffira-t-il pour autant à rendre le système de santé français moins émetteur de CO2 et autres polluants atmosphériques de manière significative et durable ? Apporter une réponse scientifique à cette question n’est actuellement pas possible. Le moment est venu de conduire cette évaluation, avant de soutenir la généralisation de ces solutions en postulant que par essence elles génèrent un impact carbone positif. 

L’enjeu-clé et notre approche de la transition vers un système de santé durable consiste à établir des modes de comparaison entre l’impact environnemental et le bénéfice sanitaire. In fine, il s’agit de passer ces solutions numériques au banc d’essai, puis de rechercher des «coups gagnants» ; c’est-à-dire des dispositifs diminuant l’impact environnemental tout en préservant ou améliorant les bénéfices sanitaires et socio-économiques. Or, une telle comptabilité n’existe pas encore dans le secteur de la santé, ce qui contribue à nous rendre collectivement myopes quant aux bénéfices réels des dispositifs développés.

Des efforts sont en cours. Une version de Bilan Carbone a par exemple été récemment adaptée à l’attention de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris.16 Cette méthode de mesure fournit une évaluation fine des émissions de GES et de polluants liés à certains pans d’activité (prestations de soin, achat et logistique liés aux matériels, énergies consommées par les unités de soin, mobilité des usagers et des personnels etc.). Par contre, Bilan Carbone  n’est pas conçu pour fournir une évaluation chiffrée du ratio empreinte carbone actuelle / réduction prospective de l’empreinte carbone liée à des pratiques d’optimisation et de prévention. 

Pour illustrer cette aporie, imaginons la mise en œuvre d’une thérapie numérique à visée préventive, impliquant une cohorte de patients munis de bracelets connectés (les données collectées étant destinées à fournir des conseils individualisés). L’empreinte environnementale associée à la production et à l’alimentation des bracelets ainsi qu’au monitoring des données pourrait être plus que compensée par le bénéfice sanitaire lié à l’effort de prévention (qui au bout de n années réduirait le nombre d’actes curatifs pratiqués)… Tout comme elle pourrait ne pas l’être ! En la matière, les pronostics sont hasardeux faute d’une méthodologie adaptée à l’exercice.

En effet, si les méthodes génériques d’évaluation d’impacts environnementaux comme le Bilan Carbone, le Life Cycle Assessment, l’Input-Output Analysis ou les méthodes hybrides4 chiffrent les émissions associées à certains dispositifs, elles ne prennent pas encore en compte la réduction des émissions polluantes liée aux actes médicaux rendus non nécessaires grâce au développement de la prise en charge préventive. Il semble donc urgent que ces méthodes soient développées et adaptées aux spécificités des activités sanitaires afin de guider une nouvelle pratique d’évaluation.

Télémédecine, thérapies numériques, outils de coordination numériques… Autant de dispositifs qui peuvent contribuer à rendre nos systèmes de santé plus durables. Encore faut-il que nous puissions les évaluer afin que les autorités analysent leurs bénéfices en termes d’empreinte environnementale, et ce de manière exhaustive et prospective. Les méthodes d’évaluation à venir devront tenir compte de l’impact sanitaire apporté aux populations et patients à moyen et long terme. 

Lucas Thiery, directeur stratégique du Digital Medical Hub de l’AP-HP - cofondateur de MedInTechs et de STANE Lab.


1- Manfred Lenzen, Arunima Malik, Mengyu Li, Jacob Fry, Helga Weisz, Peter-Paul Pichler, Leonardo Suveges Moreira Chaves, Anthony Capon, David Pencheon
The environmental footprint of health care: a global assessment
The Lancet Planetary Health, Volume 4, Issue 7 – 2020
2- The Shift Project
Décarboner la santé pour soigner durablement
Rapport final – Novembre 2021
3- Purohit A, Smith J, Hibble A.
Does telemedicine reduce the carbon footprint of healthcare? A systematic review.
Future Healthc J. 2021 Mar;8(1):e85-e91. doi: 10.7861/fhj.2020-0080. PMID: 33791483; PMCID: PMC8004323.
4-
Designing a net zero roadmap for healthcare – Technical methodology and guidance
Health care Without Harm (2022)
5-
Billions of people still breathe unhealthy air: new WHO data
World Health Organization (2022)
6-
Global Health Impacts of Air Pollution – Air pollution contributed to 6.67 million deaths in 2019.
The Health Effects Institute (2020)
7-
Global Burden of Disease (GBD) Compare
Institute for Health Metrics and Evaluation – University of Washington (2020)
8- Sasha Khomenko, Marta Cirach, Evelise Pereira-Barboza, Natalie Mueller, Jose Barrera-Gómez, David Rojas-Rueda et al.
Premature mortality due to air pollution in European cities: a health impact assessment
Lancet Health Planet (2021) Published Online – January 19, 2021
9-
Impact de pollution de l'air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine. Réduction en lien avec le confinement du printemps 2020 et nouvelles données sur le poids total pour la période 2016-2019
Santé Publique France (2021)
10-
Selon les polluants atmosphériques, les effets immédiats sur les admissions aux urgences et sur la mortalité diffèrent.
INSEE Analyses (2021)
11-
Stratégie de transformation du système de santé
Ministère des Solidarités et de la santé (2018)
12-
Rapport synthétique d'activités 2019 - 2020
Centre interdisciplinaire de durabilité (CID) – Université de Lausanne (2020)
13-
L’impact environnemental du numérique en santé
Ministère des Solidarités et de la santé (2021)
14- Purohit A, Smith J, Hibble A.
Does telemedicine reduce the carbon footprint of healthcare? A systematic review.
Future Healthc J. 2021 Mar;8(1):e85-e91. doi: 10.7861/fhj.2020-0080. PMID: 33791483; PMCID: PMC8004323
15-
19 millions : nombre de téléconsultations remboursées par l’Assurance maladie en 2020
Mutualité française (2021)
16-
Premiers résultats du Bilan Carbone® de l’AP-HP sur l’ensemble de ses activités
AP-HP (2022)

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Vers un citoyen acteur de sa santé grâce aux objets connectés

Être acteur de sa santé ne devrait plus être envisagé comme une option. D’ailleurs, l’émergence des objets connectés et des solutions numériques dans le secteur de la santé offre un nouveau champ d’action aux citoyens, qui ont désormais la possibilité de prendre en charge leur santé, voire d’agir en prévention.

Être acteur de sa santé ne devrait plus être envisagé comme une option. D’ailleurs, l’émergence des objets connectés et des solutions numériques dans le secteur de la santé offre un nouveau champ d’action aux citoyens, qui ont désormais la possibilité de prendre en charge leur santé, voire d’agir en prévention.

Que ce soit pour des personnes souffrantes de maladies chroniques, d’affection de longue durée ou de problématiques de santé plus simples, les objets connectés et solutions numériques en santé ont pour point commun de leur donner la possibilité de prendre en main leur santé. Le bénéfice de tels outils ? Offrir des solutions de suivi des traitements, de prévention, d’analyse des risques de rechute notamment. La

récupération des données connectées permet aussi de faciliter le diagnostic en téléconsultation ou d’assurer un meilleur suivi du patient à distance avec la télésurveillance.

Ces nombreuses innovations en santé et en e-santé sont destinées à la prise en charge des patients à domicile ou lors de leurs parcours de soins. C’est une médecine qui devient plus personnalisée, participative, préventive et prédictive.

Les avancées de la santé connectée offrent au citoyen des possibilités dans l’accompagnement d’une meilleure qualité de vie. Au cœur du système de soins, il est averti et au fait des progrès les plus innovants. Cette accélération de déploiement de ces outils de santé incarne une véritable révolution des usages. La démocratisation et l’accès à la santé ont fait émerger le citoyen en tant qu’acteur. Grâce à ces nouveaux usages, le patient se trouve déjà au cœur du sujet, mais il ne le sait pas suffisamment.

L’enjeu est majeur car adopter ces nouveaux usages permet de vivre plus longtemps. De manière proactive et précoce, ces créations technologiques proposent notamment d’identifier ce qui pourrait être un souci de santé. Par exemple, l’application mobile JABI est une application stimulante pour les seniors afin d’assurer la prévention des troubles neurocognitifs liés à l’âge. De même, l’application mobile Malo, permet, entre autres, de détecter les troubles du développement, y compris l’autisme, chez l’enfant. Récemment, elle a lancé une fonctionnalité afin de détecter, 6 mois après l’accouchement, le risque de dépression post-partum.

L’apport du numérique dans la sphère médicale a bouleversé les rôles, avant le médecin était au centre, c’était l’expert du diagnostic. Aujourd’hui, ce modèle se transforme avec une approche centrée sur le patient : « patient centrivity ». Le patient peut exprimer ses préférences et ses besoins non couverts. Conjointement, certains dispositifs numériques de santé contribuent également à impliquer les patients dans le processus de soins.

Les objets connectés à usage médical ne remplacent pas un médecin, mais apportent un plus dans la gestion d’un dossier médical. Car le patient dispose d’un suivi en temps réel : « rappel d’une prise de traitement, contrôle du glucose, de la tension… ». Averti, le patient se sent plus responsable et devient acteur de sa propre santé. Les patients ne sont pas experts d’une maladie, mais de l’expérience qu’ils vivent d’une maladie, et deviennent partenaires de soin.

47 % des patients favorables aux objets connectés

D’ailleurs, 47 % des patients voient « l’intelligence artificielle et les objets connectés comme une grande opportunité de progrès pour leur santé ». Ils perçoivent ces technologies « comme des moyens d’améliorer leur suivi et la réactivité des soins apportés, et des moyens de réduire le fardeau de leur traitement tout en facilitant le travail des soignants ». Ce chiffre provient d’une étude scientifique réalisée dans le cadre de la

Communauté de Patients pour la Recherche (ComPaRe), qui a évalué la perception des patients de l’usage d’interventions médicales basées sur les objets connectés et l’intelligence artificielle. Près de 1 200 patients suivis en France pour des maladies chroniques ont répondu en ligne aux questions des chercheurs de l’Assistance publique- hôpitaux de Paris (AP-HP). Cependant, il reste encore des sceptiques. Les résultats de

l’étude, publiés dans la revue Nature Digital Medicine en juin 2019, révèlent que 3 patients sur 4 refusent d’adopter des outils basés sur l’intelligence artificielle et complètement automatisés. Il faut bien comprendre là qu’ils ne sont pas réfractaires à l’usage des objets connectés, mais qu’ils souhaitent le maintien d’un contrôle par un être humain. Un point de vue qui se conçoit. D’ailleurs, c’est dans le cadre du colloque

singulier que de nombreuses personnes, renseignées et acculturées aux enjeux de ces outils, deviennent elles-mêmes prescriptrices de solutions, exigeant de leur médecin d’être suivies par de nouvelles technologies. Les citoyens sont de plus en plus avertis, mais en ont-ils vraiment le choix en ces temps de pénurie médicale ?

L’investissement des industriels

Et les industriels l’ont bien compris ! Comme l’a mentionné (*), Vincent Vercamer, responsable des Affaires publiques et de l'accès au marché de Withings, créateur de balances et de tensiomètres connectés : « Nous voulons permettre à nos utilisateurs de prendre le contrôle de leur santé ». Les start-up françaises de la e-santé ont levé 929,4 millions d’euros en 2021 (*), des sommes en partie investies dans la recherche afin de dégainer tensiomètres, balances, oxymètres, glucomètres ou encore piluliers connectés, dont certains sont pris en charge par l’Assurance maladie. La reconnaissance de l’utilité de tels outils atteint ainsi son apogée, non sans suivre les incontournables recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS). Et c’est sans parler des applications mobiles telles que Diabeloop, qui propose un pancréas artificiel permettant, chez les patients atteints d'un diabète de type l'automatiser la délivrance de l'insuline à partir des données d'un capteur de glucose, fonctionnant en continu, ou encore OdySight, un jeu mobile doté de modules médicaux recommandé dans la surveillance rapprochée de patients atteints de maladies chroniques ophtalmiques. Ces solutions sont, elles aussi – parfois dans le cadre d’expérimentations – prises en charge par la Sécurité sociale. Si l’intérêt de tels outils n’est plus à démontrer, l’heure est maintenant à convaincre tout un chacun de s’en saisir. L’éducation au numérique à tous les âges, pour favoriser les usages, devient, au-delà de la simple lutte contre la fracture numérique (ou illectronisme), un enjeu de santé publique.

Le futur de la santé, c’est le citoyen lui-même à travers des outils numériques qu’il doit pouvoir récupérer et demeurer ainsi maître de ses données de santé. Le numérique en santé va devenir un outil d’émancipation citoyenne. MedInTechs s’est donné pour ambition de donner une visibilité essentielle à ces bouleversements profonds de la santé.


(*) Source : mind Health – février 2022

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Santé : comment les innovations peuvent-elles remettre l’empathie au centre du soin ?

Expliquer, rassembler et permettre au public et aux professionnels de santé de tester, comprendre et s’amuser avec les dernières innovations technologiques médicales : telle est l’ambition du salon MedInTechs qui se tiendra les 8 et 9 mars 2022 au Parc Floral de Paris, nous dit dans cette tribune son co-fondateur, le docteur Julien Schemoul, rhumatologue et co-directeur du Centre de compétence des maladies vectorielles à tiques.

Expliquer, rassembler et permettre au public et aux professionnels de santé de tester, comprendre et s’amuser avec les dernières innovations technologiques médicales : telle est l’ambition du salon MedInTechs qui se tiendra les 8 et 9 mars 2022 au Parc Floral de Paris, nous dit dans cette tribune son co-fondateur, le docteur Julien Schemoul, rhumatologue et co-directeur du Centre de compétence des maladies vectorielles à tiques.

- 23 février 2022

23 secondes. Aux États-Unis, en 1999, c’est le temps que mettait en moyenne un patient avant d’être coupé par son médecin. 85 secondes, c’était le temps de parole moyen d’un patient au cours d’une consultation en France en 2012. Qu’en est-il dix ans plus tard, en 2022, alors que le nombre de médecins décroît, que le temps administratif augmente, que le temps de travail des médecins diminue et que la population vieillit ? C’est certainement pire. Nous n’arrivons plus à prendre le temps de consultation nécessaire pour écouter notre patient, le comprendre et donc le soigner.

En tant que praticiens de santé, nous sommes majoritairement entraînés dans un processus d’optimisation permanente de nos pratiques qui tend souvent vers une augmentation de la quantité de travail, et un rétrécissement de l’espace de discussion avec le patient qui rend difficile l’intégration de sa problématique dans son contexte individuel, familial et professionnel.

Par ailleurs, comme le rappelle le Dr. Alain Tolédano : « Plus de 93 % des consultations se soldent par une prescription de médicaments, dont une boîte sur deux sera jetée ». On peut voir là le symbole d’un dialogue qui ne fonctionne plus, où le problème complexe d’une maladie ou d’un mal être se solde par une proposition incomplète, qui finit pour moitié à la poubelle.

La médecine « 4P » (personnalisée, participative, prédictive, préventive) apparaît comme un idéal souhaité par tous

À l’heure où la médecine dite « 4P » (à la fois personnalisée, participative, prédictive et préventive, théorisée par le Pr. Leroy Hood, ndlr) apparaît comme un idéal souhaité par tous, permettant à chaque patient devrait pouvoir avoir un traitement adapté à son cas, force est de constater que l’innovation médicale progresse vite. Les objets connectés permettent de surveiller les constantes en continu, dépistent des syndromes d’apnée du sommeil et des troubles du rythme, des intelligences artificielles diagnostiquent des atteintes oculaires, les analyses des fractures des os longs sont de plus en plus fiables, des casques reconnaissent nos émotions grâce à des électroencéphalogrammes boostés à l’intelligence artificielle, et des algorithmes anticipent et devinent nos réactions futures. Dans ce contexte, le médecin ne conserve qu’une fenêtre de vingt minutes pour diagnostiquer, comprendre et traiter.

Soyons clairs : l’homme et la machine ne sont pas en compétition. Le médecin ne fera jamais mieux que l’intelligence artificielle pour de nombreuses tâches, tout comme son ouïe n’a jamais été aussi performante que la membrane d’un stéthoscope. Avec la téléconsultation, par exemple, le praticien a appris à écouter son patient plus longtemps. Avec les outils d’optimisation du parcours de soin, il a appris à dégager du temps. Avec les objets connectés, il a appris à comprendre ce qui se passait en dehors des consultations. Et avec la e-santé, il a même appris à déléguer une partie de son savoir. La relation soignant-soigné change, et pour la bonne cause. Le savoir ne se transmet plus, il se partage. Le médecin ne soigne plus seul, il offre des solutions plus personnalisées et adaptées grâce à tout un écosystème. 

Mais une question demeure : comment faire en sorte que ces innovations rassemblent plutôt qu’elles ne divisent une population française déjà éparpillée de chaque côté de la fracture numérique, entre des médecins technophiles et non-technophiles, et des hôpitaux, cliniques et pharmacies capables de prendre le virage du numérique quand d’autres n’y parviennent pas ?

Redonnons au médecin le pouvoir de faire du soin sa première préoccupation

Cela ne pourra se faire qu’en rendant ces innovations accessibles, compréhensibles, et en prenant le temps d’expliquer ce que sont réellement l’intelligence artificielle, la réalité virtuelle, les robots assistés, les métavers, et toutes ces innovations déjà aux portes des cabinets médicaux, et parfois déjà présentes dans les appartements des patients. En permettant, aussi, de prendre en main rapidement ces outils numériques qui sont déjà des objets du quotidien. 

C’est l’un des constats que l’on fait en se plongeant dans L’intelligence artificielle n’existe pas (First, 2019), le livre de Luc Julia, père de Siri et figure mondiale de l’IoT (internet des objets) : l’usage du monde technologique de demain doit être optimisé pour être simple, ouvert et accessible, pour être performant et profiter à tous.

C’est cette ambition qui guide le salon MedInTechs, qui se tiendra les 8 et 9 mars au Parc Floral de Paris. Ensemble, remettons le patient au centre des décisions qui le concerne, et redonnons au médecin le pouvoir de faire du soin sa première préoccupation.  

Julien Schemoul, rhumatologue et co-fondateur MedInTechs

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